Pourquoi une rupture amoureuse fait-elle si mal ? - L'Œil des jeunes

Nicolas a 38 ans et père d’un enfant de 10 ans.
Séparé de la mère de cette fille depuis 05 ans.

J’étais très amoureux, très volontaire dans cette relation. Je me suis battu pour mon amour pendant un an pour sauver mon couple, il est très difficile de convaincre quelqu’un qui n’est plus amoureux d’être amoureux.
Plusieurs fois, elle m’a parlé de rupture. Je l’ai rattrapée plusieurs fois dans ces erreurs! C’est parce qu’elle a fait trop.
C’était très difficile, très douloureux ! Je continuais d’aller au travail, je n’avais pas le choix. Heureusement, pas mai d’amis qui sont à mes côtés m’ont beaucoup aidé. Je pense que c’est ça qui m’a sauvé en fait.
Effectivement, j’ai le sentiment de me perdre beaucoup ; les amis et les parents m’ont aidé. Je me suis jeté réellement pour pouvoir sauver mon couple et pour mon épanouissement personnel.
La situation m’a permise de savoir que je suis sentimental. De savoir que je suis quelqu’un qui ne sait pas se protéger. Et que toutes les relations amoureuses sont du sensationnel. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’exigences de ma part dans ces types de relations que ce soient amoureuses ou amicales.
Environ un an et demi s’est passé après la rupture avant que je ne m’engage à nouveau. il y a eu la peur de s’engager réellement !

Commentaire
“Une rupture amoureuse est une sorte de remise en cause d’un quotidien pour en chercher un autre”

Une rupture amoureuse fait si mai quand on ne s’y attend pas et ça fait moins mal quand on s’y attend.
Une rupture peut réactiver ce qu’on appelle des angoisses très archaïques. C’est-à-dire des angoisses de séparation avec une impression de vide, d’un monde qui s’écroule avec une impossibilité de retrouver son repère. Littéralement, on est paniqué par cette sensation de vide qui peut émerger. On va remonter à ce qui s’est passé souvent dans l’enfance, dans les rapports avec ses parents ; c’est-à-dire que si dans l’enfance ce sont des abandons, des chemins parsemés ; ça va venir réactiver tout çà. Ça peut être même des deuils, des gens qui sont décédés mais aussi des anciennes ruptures amoureuses.
Une rupture amoureuse peut venir réactiver tout ce qui est concerné par l’abandon qui n’a pas été réglé avant. Donc finalement, la séparation est un deuil relationnel endossant le deuil de la personne avec qui on était durant cette relation. La difficulté, c’est qu’il refuse sa présence. Le deuil est extrêmement douloureux mais on va dire que les choses sont, dans la réalité, plutôt claires. L’autre n’est plus là, mais il est encore là quand même.
Les différentes étapes du deuil de la séparation sont que lorsqu’on reçoit une annonce de séparation, on peut commencer par une sorte de sidération. De fois on a cette impression de vie de psychique qui est décrit. On est complètement sidéré…… après, il peut y avoir une phase de dénie. On se dit que la relation n’est pas terminée, l’autre n’est pas parti. Du coup, dans cette phase il peut y avoir des grosses difficultés que l’autre n’accepte pas. On va faire comme si la relation était toujours en vie. Et puis après, il y a toute la phase émotionnelle qui est hyper importante parce que c’est là qu’on peut bloquer son deuil ; c’est-à-dire qu’on va passer par beaucoup de phases émotionnelles : la tristesse, la colère, la culpabilité envers soi-même, envers les autres…tout un panel d’émotions énormes qu’il faut réussir à accepter, à recueillir pour passer aux étapes suivantes.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour surmonter une rupture amoureuse ?
La perte de confiance en soi est une réaction importante de la rupture. Nicolas semble avoir son appel à la fois un schéma d’abnégation et un schéma de fusion relationnelle. Cela veut dire qu’on sacrifie ses propres besoins, ses propres valeurs pour l’autre. Et on finit par coller aux sentiments au besoin et aux émotions de l’autre. Le résultat de cela : quand l’autre s’en va, il y a une perte d’identité dans la relation qui semble un peu plus forte et une perte de repère. Donc, il y a tout cela qui puisse construire la confiance en soi. Mais c’est une identité complète à reconstruire. Ce qui est intéressant lorsqu’on suit ce témoignage, c’est que l’on voit après, de la surcompensation, un schéma d’abandon. Et c’est lui maintenant qui quitte ses partenaires et ça c’est vraiment une compensation.
Combien de temps faut-il pour s’en remettre ?
C’est une question à laquelle je n’ai toujours pas de réponses parce que chacun a sa propre temporalité et ça dépend aussi de ce qui est réactivé par cette rupture amoureuse. Dans les deuils, quand quelqu’un s’en va, on a l’habitude de dire qu’il faut un an c’est-à-dire passer tous les anniversaires. C’est un peu pareil pour les ruptures, ça peut être beaucoup plus ou moins.

Omar Hadi du Benin
Je suis tombé amoureux d’une fille. Je l’ai fait venir au bureau ; dans le même boulot que moi. On a commencé par travailler ensemble. Ça a pris et ça collait. C’était vraiment quelque chose de beau. On travaillait ensemble. La petite tension a commencé entre temps. Elle venait à la maison mais on passait la plupart de notre temps au boulot. Cela a ommencé à devenir autre chose jusqu’au point où elle a commencé par se confier à mon meilleur ami qui était aussi mon collègue, ils ont commencé par fleureter. Je l’ai découvert.
Et après, je l’ai amenée au bureau pour lui dire que ce n’est pas comme ça que ça se passe.
Aujourd’hui, ça fait plus d’un an et je suis toujours à la traîne. C’était un problème pour moi. Sur le plan professionnel, je ne démarre plus correctement et j’ai peur de m’engager dans une autre relation.

Commentaire
Le témoignage de Hadi pose le problème de rendement professionnel dans la rupture amoureuse. C’est extrêmement difficile et souvent d’autres sont obligés d’arrêter !
Certaines personnes passent deux à trois semaines à résoudre ce problème parce qu’ils sont envahis par ces pensées, ces émotions, ces remissions. Surtout pour un cas comme pour celui-là ; son ex-copine se trouve dans le même lieu de travail. Ce qui complique encore plus les choses. J’ai l’habitude au bout d’un certain moment de conseiller quand même du sevrage dans cette relation: éviter de voir la personne quand on est au lieu du travail.
Pour retrouver une relation amoureuse « normale ». Pour moi, qui dit peur de s’engager, dit deuil non fait. Il faut avoir vraiment travaillé sur sa dernière rupture c’est-à-dire travailler sur ses dernières émotions, ses pensées, ses comportements, toutes les conséquences actuelles.
Déjà travailler sur le présent de la rupture, travailler aussi à accueillir, à accepter, à ressentir ses sentiments désagréables sans les éviter, ce qui peut bloquer le deuil. Une fois qu’on a fait cette partie ici et maintenant ; commencer à réfléchir sur «qu’est-ce qui m’ai mis dans cette relation ?» est-ce que finalement je ne suis pas en train de reproduire le même schéma amoureux ? Et puis d’aller plus loin en commençant à réfléchir sur son enfance.

 Quel était le couple parental ? Qu’est-ce que j’ai vécu de ce couple quand j’étais petit ?
Et c’est conseillé d’écrire tout cela. Oui, absolument il faut travailler avec l’écriture ; c’est vrai qu’on travaille beaucoup avec la parole. Mais le fait d’écrire n’a pas la même conséquence psychologique.
Pour se reconstruire il faut d’abord que la rupture soit prise à sa juste valeur. Si vous êtes aussi mal, peut-être il y a des choses de l’enfance qui traînent. On commence à se concentrer toute de suite sur les choses de l’enfance. J’estime que c’est important de travailler sur ce qui vient d’être réactivé par la rupture. Il faut commencer à travailler sur la rupture parce que les émotions sont là dans l’instant présent, très douloureuses. Il y a des problèmes de travail qui peuvent émerger et qu’il faut aussi travailler. Il y a des problèmes de dépression. Donc, il faut commencer à travailler sur çà.
La rupture est très douloureuse au point où la société, les amis sont obligés d’encadrer les victimes pour les faire passer de temps en temps le mal. Il y a parfois le poids de la famille qui amène à la rupture. Dans le couple ou la famille, il y a des membres qui ne sont pas
pour d’autres, ce qui amène certains à se battre pour le mal de l’autre.
On essaie de clarifier les situations parce que ce n’est toujours pas bon d’allonger la
vie du couple si rien ne va.

 Ce qu’il ne faut pas faire ?
Parfois l’entourage est complètement démuni face à quelqu’un qui subit une rupture. Ce qu’il ne faut pas faire déjà, c’est essayer d’annihiler la rupture pour dramatiser. Il arrive très souvent que l’entourage dise « ….ah. Ce n’est pas grave… ». C’est mieux en ce moment de ne pas du tout apercevoir ces informations. Il a surtout besoin d’être épaulé, soutenu.

 Ce qu’il faut faire : écouter, écouter et encore écouter.

La grosse difficulté dans écouter, c’est de trouver la bonne mesure. C’est-à-dire qu’il faut être à la fois très attentif, être en concordance avec les émotions de l’autre ; quand il a envie de rester tranquille ou quand il a envie de sortir, écouter. Maintenant, il ne faut non plus laisser son ami aux membres de sa famille, se noyer dans son chagrin voire se complaire dans sa souffrance.
L’entourage peut produire le contraire de ce que l’on pouvait souhaiter. Dans certains cas, l’entourage voit en ces personnes, des stigmatisés. Et quand ça fait mal, c’est mieux d’en parler mais avec des gens expérimentés pour pouvoir garder la neutralité.
On a par exemple observé que 50% à peu près des patients qui étaient dans de service avaient de tentatives de suicide, le déclencheur a été une rupture amoureuse.
Cela est intéressant pour l’entourage parce qu’il ne faut pas hésiter à aller faire consulter la personne dès lors qu’il perd pied !
La consultation permet effectivement de comprendre ce qui s’est passé dans la relation et pendant la rupture. On peut avoir tendance à culpabiliser l’autre.

Soulbi de Bamako
Je suis tombé amoureux d’une fille environ 02 ans. Entre temps, elle a commencé à avoir d’autres aventures. Moi je suis un peu jaloux, je n’ai pas supporté. Nous nous sommes séparés, il y a un an. Depuis lors, je suis dans mon coin, je n’ai plus de relation amoureuse. C’est vraiment un deuil pour moi. Comment faire confiance à une fille et avoir des relations sérieuses ?

Commentaire
Pour Soulbi, c’est déjà intéressant de réfléchir en amont de sa relation c’est-à-dire savoir « qu’est-ce-qui l’a amené dans cette relation, lui qui était apparemment jaloux, être sécurisé, à se remettre à une jeune fille qui apparemment avait d’autres aventures.
Là, on a typiquement ce qu’on appelle le maintien du schéma c’est-à-dire qu’on a déjà un esprit déjà résistant et qu’on a tendance à être un peu jaloux, on a peur que l’autre nous trahisse et on va se mettre avec quelqu’un qui va venir renforcer ce schéma. Ce qui sera intéressant pour Soulbi, c’est de travailler sur ce schéma de méfiance en amont de sa relation. La reconstruction, c’est déjà le choix de quel type de partenaire que l’on doit faire venir pour renforcer ce schéma.
Là également, on a l’impression que toutes les filles ne sont pas dignes de confiance, puisque c’est le schéma qui parle. Une fois le travail du schéma fait, il pourra repérer et identifier les personnes qui sont bonnes pour lui et celles qui ne le sont pas.
Une rupture amoureuse est une sorte de remise en cause d’un quotidien pour en chercher un autre.
En résumé, il faut garder son calme dans une rupture amoureuse, se trouver un projet qui puisse fasciner l’autre.
Ne jamais se laisser envahir par la peur car, c’est l’adversaire le plus géant. La peur est dominatrice. Elle est dans notre cerveau à tout moment, dans notre corps. La peur affecte les goûts.
On essaie de la pallier la peur, que j’appelle aussi angoisse avec des moyens.
Mais ce qu’il faut savoir, c’est que c’est très masculin parce que les hommes ont des faits très émotionnels ! Il y a de l’alcoolisation, des comportements sexuels à risque.

Laisser une réponse

Your email address will not be published. Required fields are marked *


A Propos de Nous

L’œil des jeunes, créé en 1998 est une association de jeunes spécialisée dans la documentation et la diffusion des résultats des organisations de la société civile. Sa démarche vise à : (i) Participer à la promotion et à la valorisation de l’action des associations et des ONG, (ii) Partager des expériences sur la vie associative, (iii) Valoriser le potentiel des jeunes.


CONTACTEZ NOUS

APPELEZ-NOUS À TOUT MOMENT