Tout regroupement humain, qu’il soit une association, un mouvement ou tout autre type d’organisation, a besoin d’un dynamisme interne pour s’imposer et grandir. Ce dynamisme est à chercher essentiellement dans l’engagement des membres. Les partis politiques en tant que structures habilités à conquérir le pouvoir d’Etat par la voie électorale, comprennent plus que toute autre organisation, le champ de l’engagement des militants. Dans notre pays, beaucoup de partis pour des raisons diverses, considèrent la jeunesse comme le fer de lance de leurs structures. Mais il nous semble qu’on ne s’interroge pas assez sur ce qui intéresse les jeunes, ou du moins certains d’entre eux, dans ces genres d’organisation. Autrement dit, qu’est-ce que les jeunes trouvent ou pensent trouver dans les partis politiques ? Que sont- ils en droit d’attendre d’eux ?
Trouver un jeune qui s’intéresse réellement à la chose politique ressemble tant à un pari perdu d’avance, que lorsqu’on en trouve un, on se croirait devant un prodige. En effet, ils sont nombreux, les jeunes qui ne s’intéressent aux débats et aux questions politiques que lorsque cela les “frappe” directement. Comment alors que malgré tout, certains n’hésitent pas à se réclamer publiquement de telle ou telle obédience politique, à s’afficher derrière tel ou tel leader ? Le pain, et encore lui Les raisons qui amènent certains jeunes à s’engager dans des formations politiques ne sont pas toujours à chercher dans le ciel. Elles sont parfois bassement digestives. En d’autres termes, c’est la recherche du pain quotidien. Que ce pain s’appelle thé, nescafé, sucre, zoom-koom, riz- gras, brochette…, il va rarement au-delà du ventre. Dans un contexte où beaucoup de gens ont faim, y compris les jeunes, s’il est possible parce qu’on est juste dans un parti, de pouvoir à la fin d’une rencontre politique manger à satiété́ un bon riz-gras bien pimenté, il n’y a rien de tel. Même si cela n’arrivait qu’une fois par an, le choix en vaudrait bien la peine! Ceux qui osent se démarquer de ses préoccupations purement alimentaires s’accrochent malheureusement au gagne-pain. Ou plus exactement, à la promesse d’un boulot qu’on est jamais sûr d’avoir. Du pain ou gagne-pain, le voyage est parfois long et beaucoup de jeunes errent longtemps en route. En tout cas, les politiciens avisés savent que “plus on les nourrit, mieux on les tient”.
Le beurre du pain
Que dire alors de ces jeunes qui ont déjà le minimum vital et qui aspire impatiemment à une belle promotion ? Il s’agit entre autres de jeunes “intello” ou cadres, ambitionnant d’embrasser une carrière bien prometteuse. Dans ces conditions, parachuter dans un parti devient la courte échelle qui leur permet de se retrouver à moindres frais au sommet. On voit donc qu’ici, le parti n’a pas d’autre rôle que de servir de rampe de lancement pour des ambitions personnelles.
Le fric
Enfin, il paraît dans certains cas que la recherche de l’argent facile, pour certains jeunes, est un facteur déterminant pour l’adhésion à un parti. Parfois pour des considérations purement périphériques, ceux-ci sont prêts à tout, pourvu qu’à la fin de leur mission ils encaissent de l’espèce sonnante et trébuchante. La couleur de l’espèce variera naturellement en fonction de l’importance et du succès de la mission.
Ce que nous devons attendre des partis
Les rôles et missions dévolus aux partis politiques sont contenus dans notre loi fondamentale. D’après son article 13, les partis “… concourent à l’animation de la vie politique, à l’information et à l’éducation du peuple, ainsi qu’à l’expression du suffrage…” cela veut dire en clair que les partis ne sont pas là pour nous servir à manger, ni pour nous trouver du boulot, encore moins pour résoudre nos difficultés financières. Ce qu’ils doivent nous apporter et que nous devons leur exiger c’est l’information (sur toute question d’intérêt national), et l’éducation à la citoyenneté responsable (rôle du citoyen ses droits et devoirs, comment les exercer…).
En définitive, il nous semble que les rapports entre partis politiques et militants fonctionnent un peu à l’image de la loi économique de l’offre et de la demande. Les partis offrent à leurs militants ce qu’ils leur demandent. Dans cette loi donc ; le rôle du militant est fondamental, en se sens qu’il peut modifier l’objet de la transaction. Il nous appartient donc de savoir demander aux partis sur ce qui est conforme à l’esprit républicain, ce qui peut construire la démocratie. Dans ce cas, s’ils ne sont pas capables de nous apporter ce que nous leur demandons, alors qu’ils veuillent bien aller voir ailleurs.
Armand Josep